Pelotin et le Jeu de Balle


Pelotin, histoire d’une naissance

Tombée dans l’oubli après la Seconde Guerre Mondiale, la longue lignée des géants du Nord et du Pas De Calais semble reprendre vie. Pas facile de découvrir l’origine de ces mannequins d’osier qui ont une histoire, une vie sociale et représentent la population lors des grandes manifestations locales.
Depuis longtemps, la ville de Marchiennes souhaitait posséder son géant. L’idée lancée, les élus décidèrent en 2009 de faire renaître la fête du Muguet du 1er Mai, un peu laissée à l’abandon. Le géant choisi incarnerait l’association « Marchiennes Renaissance » dans la posture et le costume d’un joueur de balle. Il sera baptisé le 1er Mai 2010 sous le nom de PELOTIN.
C’est à Monsieur Emmanuel MICHIELS que fut confiée la réalisation. Ce professeur d’arts plastique à la retraite qui a prodigué ses conseils et préparé la maquette, avait déjà réalisé une quinzaine de géants : à Montigny-en-Ostrevent, Pecquencourt, Hornaing, Fenain, Masny, etc… Lui-même a ensuite confié la confection de l’habit, du gant et de la visière à une couturière de Sin Le Noble, Madame Renard, déjà habituée à habiller la grande famille des Géants.
Il ne restait plus qu’à trouver un nom pour ce géant, ce qui n’était pas une mince affaire. Monsieur René Quesnoy a accepté de travailler sur le sujet en recherchant un mot pour symboliser le nom du géant. Des noms de familles ont été évoqués en passant par celui des joueurs du terrain, des accessoires utilisés pour ce sport et des archives desquelles Monsieur Quesnoy a retrouvé une épinglette avec les initiales P.M signifiant « Pelote Marchiennoise ». De ce mot, le nom PELOTIN de Marchiennes est né.

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Le Jeu de Balle ou Jeu de Paume
Le jeu de paume est l’une des disciplines sportives issues du maniement ludique de la balle. Par étymologie, on suppose que ce jeu était proche de l’appellation « balle au tamis » (rebond préalable de la balle au service). La mairie de Marchiennes a eu cette idée formidable de faire revivre, par l’image et par l’anecdote, le jeu de la balle au gant. Excellente initiative, car il était grand temps que cette activité qui tend à disparaître dans les mémoires des jeunes générations, fasse l’objet d’informations et d’appels aux souvenirs. Ce sport fut très apprécié à une certaine époque par de nombreux Marchiennois, supporteurs enthousiastes qui clamaient leur joie ou leur déception autour du « ballodrome » de la place de l’Abbaye, le plus beau site ballant du territoire et au-delà ! Les origines des jeux de paume restent obscures, tant sur le plan général que sur le plan national.
Au XIVème siècle
Les jeux sont différents selon qu’ils sont pratiqués par des notables qui évoluent sur des surfaces spécifiques, réservées et plus ou moins importantes, ou par des « vilains » contraints de rechercher des terrains plus ou moins plats de préférence : le parvis d’une église par exemple. D’autres s’adonnent au jeu de « la paume au toit » sur un plan incliné, dans un espace réduit extérieur ou intérieur notamment. Cette discipline était très appréciée.
Au XVème siècle
Les seigneurs et les citoyens pratiquent cette activité comme un sport et également comme un divertissement dans un contexte de « fêtes au château ». A cette époque, on organisait des jeux de « longue paume » à l’extérieur et « courtes paumes » sous un toit. Ces jeux rassemblaient des gens de qualité : des notables qui ne voulaient pas se mêler aux autres couches populaires.
Aux XVIème et XVIIème siècles
Malgré des périodes plus ou moins troublées, des conditions rudes de la vie, le sport de « pelote paume » a survécu et s’est développé d’une manière sensible auprès des amateurs. Dans les villages et les bourgs, ce jeu très apprécié également par les collégiens et les étudiants leur procurait un climat de détente par rapport à leurs études.
Au XVIIIème siècle
La technique du jeu de paume en salle sera rapidement abandonnée. Par contre, dans les milieux populaires la « longue paume » reste le jeu favori. Dès lors, apparaît une réglementation rudimentaire d’abord, plus précise ensuite et c’est le point de départ des règles fédérales.
Aux XIXème et XXème siècles
Les jeux de « pelote paume » sont considérés comme des sports pratiqués par de véritables athlètes, et les organisateurs et responsables cherchent à promouvoir le championnat par la propagande au cours des festivités communales : kermesses, ducasses et autres manifestations à caractère de loisirs. Le jeu de paume devint ainsi un véritable spectacle. La Municipalité, la société et ses dirigeants, le public, les commerçants faisaient bloc pour soutenir leurs joueurs. La commune de Marchiennes a saisi l’opportunité de s’intégrer dans ces contextes ballants en même temps que les villages voisins du Douaisis (Somain, Villers -Campeau, Fenain, Wandignies-Hamage, Hasnon…), du Valenciennois (Anzin, Raismes, Vicoigne), de la région Lilloise sans oublier le développement en Hollande et en Belgique. Le 7 juin 1822, Monsieur HORRIES PAGNIEZ, Maire, arrête un règlement municipal sur le jeu de balle à Marchiennes, règles sous la forme de seize articles : « Les joueurs, les parties, les prix… », « L’Agent de police communal et les gardes-champêtres sont chargés chacun en ce qui le concerne de l’exécution du présent arrêté. »
A partir de cette date, chaque manifestation de fête locale fera partie d’une réglementation par arrêtés de l’autorité municipale et/ou par décision d’une Commission. Les programmes des fêtes locales et réjouissances publiques feront l’objet d’affiches qui représentent des luttes de jeux de balle.

Après une longue période de faste et de gloire, le jeu de paume est malheureusement peu à peu retombé dans l’oubli au fil du temps, faute de relève des joueurs vieillissants et des dirigeants non remplacés. D'où la volonté de la Municipalité de remettre ce jeu sur le devant de la scène par le biais de son Géant.